Juin

Vendredi 9 juin
Alerte hier soir lorsque le papa de BB appelle pour signaler que son épouse a été admise en soins intensifs : une douleur persistante à la poitrine a décidé son médecin généraliste à cette urgence. Finalement, une heure plus tard, nouvel appel pour préciser qu’il ne s’agit que d’une angine de poitrine et non d’un infarctus. Pas la première alerte de santé puisque Annette a dû cesser l’activité de distribution de journaux dès potron-minet suite au diagnostic d’un genou détérioré. Un complément de revenus évaporé, mais une nécessité corporelle. Le 14 juillet prochain, elle fêtera ses soixante-dix ans.
Week-end du vélo dans quatre cents villes françaises, mais une grisaille presque déprimante enveloppe Lyon depuis plusieurs jours et ne se lèvera pas pour les deux-roues. Le vandalisme sur les Vélo’v et les Vélib’ se confirme et ajoute même quelques lamentables cordes à ses exactions : bornes explosées, vélos chouravés, attaches cassées. A chaque fois que je découvre les restes de ces passages, le pire des sentiments de représailles disproportionnées me tenaille. France Inter, dans son journal du matin, donne la parole à quelques obscurs parangons du vandalisme urbain. Lamentable !
Parmi les arguments lus et entendus des anti-américains, quelques perfidies remettaient même en cause la réalité démocratique du pays. Quelle leçon depuis quelques mois et les captivantes primaires démocrates.
Finalement, moins rassurantes nouvelles pour Annette : ma BB m’appelle du travail pour m’informer qu’elle a dû subir une réouverture d’une coronaire.

Dimanche 8 juin, 23h15
Un lever prévu à 6h25, ce qui n’était pas arrivé depuis plus d’une semaine. La période n’est pas à la surcharge professionnelle.
Journée dominicale studieuse avec Elo à s’acharner sur la rédaction de son mémoire à rendre en fin de semaine. Sujet sur les valeurs de l’entreprise et le rôle de la communication en ce domaine. Pas vraiment un domaine enchanteur pour moi, mais l’affection transcende les réserves formelles.
Elle a eu quelques nouvelles de Shaïna, pas vue depuis des lustres, qui a connu une difficile période avec la mort par empoisonnement de son grand-père : sa grand-mère, sujette à une schizophrénie, serait soupçonnée.
La maman de BB, toujours à l’hôpital, semble se remettre vaillamment de l’intervention médicale. Le suivi nécessitera le sérieux un peu plus prononcé d’un généraliste.

Lundi 9 juin
16h, depuis les berges du Rhône et sous un astre régénérant. L’après-midi s’est conjugué avec la fastidieuse relecture du mémoire d’Elo. Des passages truffés de fautes et un sujet de moyen intérêt pour moi font de ce travail un pur acte affectif. Après Shue et Sandre, Elo est la troisième bénéficiaire de mes conseils plus ou moins inspirés, pour finaliser leur étude (thèse de médecine, de didactologie et mémoire de DECF). Que de la satisfaction relationnelle.
A retenir du week-end dans l’actualité des VIP : une mort et un départ forcé.
Disparition du grand Dino Risi, réalisateur de comédies avec, notamment, l’immense Vittorio Gassman.


TF1 sans Poivre

Débarquement programmé de l’institution vicésimale du Vingt Heures, l’attachant Patrick Poivre d’Arvor. Je le revendique volontiers, comme sept à huit millions de téléspectateurs, c’est son journal télévisé que je préfère : douceur familière d’une voix, présence chaleureuse pour annoncer les sujets, calme olympien apaisant et incontestable professionnalisme malgré quelques imprécisions langagières qui, finalement, rassurent sur son humaine imperfection. A soixante balais, son intégrité capillaire maintenue vaille que vaille, le Salarié Premier de TF1 est brusquement remercié.
Nonce Paolini imprime sa marque saignante dans la destinée de la première chaîne en virant quelques mastodontes de l’information : après le, certes, plus très jeune Charles Villeneuve, c’est le directeur de l’information Robert Namias qui est prié d’aller renifler d’autres univers audiovisuels.
Dans le cas PPDA, l’une des motivations sous-jacentes de la direction serait la peu appréciée remarque du journaliste lors d’un entretien avec le suractif chef de l’Etat. Imageant son ressenti d’un frénétique Sarkozy embrassant l’Elysée, Poivre d’Arvor s’est risqué, avec le ton bon enfant qu’on affectionne, à faire le parallèle avec un petit garçon excité par la découverte de la place suprême dans le Royaume Politis. Vexation du grincheux Nicolas et pression pour accélérer la fin de carrière du ponte télévisuel.
Rumeur ? Médisance ? Fantasme ? Peut-être. Certaines pratiques antérieures (Paris Match, au premier chef) s’en rapprochent pourtant malignement.
L’audiovisuel comme chose du pouvoir, rien de nouveau sous les antennes et les paraboles, mais bien plutôt au cœur des fibres… politiques. A la censure officielle d’une ORTF aux ordres, aux diktats imposés aux chaînes publiques se substitue, pour le privé prétendument libre, l’insidieuse pression fardée d’une hypocrite proclamation de non interventionnisme.
Pas là pour plaindre le PPDA qui vivra pleinement une retraite en or massif agrémentée de quelques collaborations pépères. Plutôt un amusement, un chouia inquiet, du congru seuil de tolérance du pouvoir exécutif à l’égard de la liberté des médias historiques. Internet contrebalance, heureusement, cette ringarde rigidité de TF1 qui n’assume pas une pique homéopathique de son journaliste vedette.
Qu’elles sont loin les périodes d’affranchissement d’un cathodique hérissé ; l’ère est bien au plasma plat, fade, insipide, dans le rang ! Aux abysses l’indomptable Droit de Réponse – irremplaçable Michel Polac ! – aux catacombes le vitriolé Bébête Show, aux oubliettes les quelques niches non-conformistes qui musclaient le cortex. La chaîne encore leader a fait de sa grille un tamis nivelant où ne passent que les séries ripolinées aux intrigues mécaniques dans leur créneau exploité, récuré même ! où ne sont tolérées que les gentilles pitreries d’un Cauet élevé dans les salles de garde, le tout truffé de quelques confrontations sportives élevées au rang d’événements... sponsorisés.
Alors, quelles que soient les coulisses de cette décision contre Poivre d’Arvor, la texture de la chaîne Bouygues se dévitalise inexorablement : pas grand-chose à retirer de sa petite musique convenue qui ne doit plus être troublée par le moindre frétillement réfractaire.

Samedi 14 juin

Unis dans la malignité

La blogosphère bruisse du « Ouf ! Le peuple irlandais a donné une bonne leçon à tous ces technocrates de Bruxelles ! ». Depuis le tonnerre du printemps 2005, rien de viable n’est sorti des refus français et néerlandais. Le camp hétéroclite n’apparaissait d’accord que sur une seule chose : il faut rejeter. Quelle tromperie d’avoir prétendu qu’un Non apporterait un nouveau souffle à l’UE. Les Français n’ont rien vu, les Irlandais ne verront rien.
Bas les masques Mélenchon, Buffet, Besancenot ! Le trio de circonstance se réjouit de l’enterrement, par l’Irlande, du traité de Lisbonne alors même qu’une des principales motivations des Nonistes de ce pays est de conserver coûte que coûte un système ultra libéral jouant sur ce qui peut rapporter le plus. Engranger le maximum de subventions européennes (soixante milliards cumulés, soit vingt mille euros par électeur) – ah ! les saligauds de technocrates qui délivrent cette manne ! – tout en s’accrochant au dumping fiscal qui, avec un impôt sur les bénéfices des sociétés de seulement 20 %, leur permet d’attirer les plus juteuses multinationales, notamment américaines.
Ça, les gauchistes anti-Lisbonne ne veulent surtout pas l’entendre. Seule compte la primaire vengeance contre le choix d’une ratification par voie parlementaire impulsé par un président de la République qui l’avait retenu et annoncé avant son élection.
Ne revenons pas sur les arguments anti-parlementaires qui font de la ratification par le pouvoir législatif une injure au peuple. Nous les avons déjà stigmatisés comme un dangereux populisme qui fait se retrouver copains comme cochons ceux qui s’étripent sur les questions internes.
Face à ce nationalisme social, et comme un magistral pied de nez à l’actualité, il faudrait que la multinationale française Total, société de droit privé dont les bénéfices seraient un « bien collectif » (du Ségolène Royal pur cru), fixe son siège social à Dublin. Cette décision pourrait être justifiée par son PDG comme une conséquence de cet acharnement à rallier tout et n’importe quoi, pourvu que l’immobilisme européen soit consacré. Nous pourrions ainsi, concrètement, jauger la prétendue solidarité des Nonistes français et irlandais. Comme ce serait amusant. Allez, chiche Monsieur de Margerie, juste pour les flanquer devant leurs responsabilités, pontes politiques et électeurs de base réunis !
Comment bénir ce nouvel enlisement de l’UE lorsqu’on se revendique européen ? C’est là toute l’escroquerie des rejets successifs qui, sans l’enthousiasme de peuples et l’engagement de gouvernants, nous auraient laissés entre le charbon et l’acier.
Une donnée simple qu’ont prouvée les trois ans écoulés depuis le Non français : aucun projet de remplacement ne peut sortir de cette clique hétéroclite, aucun traité de substitution ne peut être porté par des élus issus de cette chapelle biscornue et être accepté par les vingt six autres partenaires. Impossible !
Si l’on reprend l’historique des rejets, une constante vaut principe politique : à chaque fois le refus est permis par une alliance de circonstance, incapable de perdurer sitôt la victoire obtenue. Comment peut-on croire qu’une stérilité nationale puisse avoir un quelconque poids, à l’échelle européenne, autre que celui de bloquer tout processus engagé grâce à l’arme divine : l’unanimité.
Le 2 juin 1992, au Danemark, le parti socialiste populaire allié à l’extrême droite permet de repousser le traité de Maastricht. Le 8 juin 2001, les Irlandais (encore eux !) font confiance aux discours de quatre partis politiques, totalisant quatre députés sur les cent soixante six du Parlement, pour rejeter un traité de Nice qu’ils semblent tant vouloir conserver aujourd’hui. Le 14 septembre 2003, forte de son exemplarité budgétaire, la Suède repousse l’entrée dans la zone euro, snobant le laxisme franco-allemand dans ce domaine, et laissant le Parti de gauche et les Verts se faire les mamours de circonstance. Arrêtons le sinistre catalogue qui n’a servi que les ambitions et les stratégies à court terme, portant autant de coups à l’idée d’une union politique.
Alors faut-il abandonner tout changement du fonctionnement des institutions européennes pour lancer cette tant réclamée Europe sociale ? L’absurdité de la démarche des Nonistes saute aux yeux. Comment parvenir à harmoniser vers le haut les règles sociales si l’on ne change pas la cause des blocages décisionnels de ces dernières années ? Tout rejet d’une réforme des institutions nous fait perdre plusieurs années dans l’avancée d’une construction sociale de l’UE. On l’a bien constaté avec les Non français et néerlandais, nous en aurons la confirmation avec le rejet irlandais.
La confusion est grave, ou cyniquement mobilisatrice pour certains irresponsables politiques : faire croire que repousser un projet de réforme institutionnelle va infléchir les politiques mises en œuvre. C’est abuser les électeurs : le fond de la politique européenne est décidé conjointement par le conseil de l’UE et le Parlement sous l’égide du Conseil européen. La Commission, elle, ne fait qu’exécuter ce qui a été décidé, notamment en répartissant les fonds. Ce n’est donc pas dans le traité de Lisbonne, de Nice ou de Pétaouchnock que les Européens vont trouver le contenu politique, mais lors des élections législatives, présidentielles et européennes.
Le paradoxe de cette grogne irlandaise, c’est qu’elle hypothèquera toute application efficace du programme politique qui sortira des urnes en juin 2009 du fait même d’avoir empêché l’amélioration des règles de fonctionnement. Beau résultat !
En outre, la présidence française qui devait lancer divers chantiers passionnants (énergie, immigration, climat, défense commune) mobilisera son énergie à tenter un énième accord sur un cadre institutionnel commun. Que les six mois français ne rayonnent pas ne sera pas pour déplaire à nombre de nos partenaires, mais c’est la crédibilité, voire la viabilité de l’Union qui se posera. Ne doutons pas, en effet, que les pays émergents n’attendront pas que nous soyons prêts pour lancer leur conquête économique du versatile continent.
A force de vouloir une perfection de traité – entéléchie juridique dont la perception change selon les détracteurs – nous n’aurons peut-être plus grand-chose auquel prétendre. Le nationalisme social fera alors son œuvre, chaque peuple présupposant qu’il sera mieux protégé par son pouvoir national que par des instances européennes inopérantes… du fait même de ces mises à bas successives.
Une proposition : attendons de voir si ceux-là mêmes qui ont appelé, et réussi, à tuer dans l’œuf le nouvel élan européen parviendront à traduire en acte constructif leur défiance à l’égard des détenteurs du pouvoir. Que tous ces donneurs de leçons démocratiques qui prétendent représenter une majorité des plus de 350 millions d’électeurs décrochent une large victoire aux élections européennes. Qu’un à un les dirigeants soient remplacés, via les urnes, par les représentants de leur programme. Une demi-décennie pour cette purge ? Et bien prenons-la, si le projet en vaut tant la chandelle…
Et si, finalement, rien ne se passe : aucun changement notable dans les forces politiques en présence, aucune vague idéologique destinée à, enfin ! proposer autre chose, c’est que sera ainsi démontré qu’une large part de leurs partisans sont incohérents ou nihilistes. Cette ode à la poisse des entrepreneurs de démolition perdurera… à moins que, au bout du bout, on mette un terme à ce pacifique projet et que chaque nation reprenne son illusoire prétention de souveraineté paradisiaque.

Mercredi 18 juin
L’après midi au parc tête d’Or à tenter d’améliorer mes couleurs épidermiques après des jours de grisaille et des rasades de flotte. Avant cette détente scribouilleuse, diverses tâches personnelles dont l’achat d’une place pour le jeudi 4 septembre à la halle Tony Garnier. La Vida Tour Coldplay fait halte sonore à Lyon. Le dernier album, acheté et téléchargé dès lundi, comble les attentes.

Coldplay en vie d’accords

Balade au cœur de la texture harmonique du groupe. Un degré de plus dans l’enivrement musical, la créativité reste de mise sans jurer sur le style, la patte Coldplay. Accompagner en ressentis littéraires l’enchaînement des morceaux.
Life in Technicolor monte en puissance dans un enveloppement de sons. L’arc-en-ciel introductif, la musique avec un appel modulé, l’invitation au voyage du Cemeteries of London. « Singing la la la la… hey hey ». Les sphères s’entrechoquent et l’élévation des sens transcende pour toutes les mises en garde. Appréhension du monde, mais tentative de l’entraîner vers ces notes épurées.
Reprise rythmée de Lost avec une lancinante présence de « Tokatokatoc ! », sans doute une électrique bien manipulée… La cathédralesque présence vocale de Chris Martin balance notre âme dans cette initiation à la mélodie panoramique, mieux : au 360° de présence musicale.
Le nostalgique 42, piano et cordes vocales pour lancer la deuxième partie en percussions et raclements instrumentaux, comme un éclatement paroxystique, cymbales en furie, guitares débridées, touches appuyées… La boucle finale, pour rejoindre la sérénité attristée du début.
Le voyage s’approfondit au Soleil levant : Lovers in Japan. Du sentimental à plein nez. Mon imperméabilité à l’anglais m’ouvre les plus abyssaux vagabondages… Cette superposition, à l’infini, de sons entremêlés s’enfonçant dans le silence harmonieux, porteur, comme transition vers la phase apaisante du morceau à tiroirs.
Il ouvre finalement vers le Yes, révélateur des zones plus graves de la maître et transparente voix. Toujours une matrice de quelques notes subjuguantes qui lie la mélodie. Rien à espérer de l’univers : juste le contraindre à ces quelques parenthèses d’intime communication. Le second volet du Yes se tapisse de sons électriques et d’un retour inspiré d’aigus de l’interprète aérien.
Les violons prennent le relais pour une coloration enthousiaste : Viva la Vida propose l’éclatement merveilleux des sons, comme un printemps prometteur, résolument optimiste, chargé de projets, quelles que soient les embûches. Poursuivre, y croire d’un cœur vaillant, malgré la fin cadavérique.
Violet Hill sonne comme une sentence : l’insouciance ne peut résister aux saletés environnantes, aux désespérances cumulées. Et toujours cet(te) voix-piano pour conclure sans fard, sans décorum.
Strawberry Swing invite à la ronde chaleureuse d’une joyeuse fin de banquet. Les échanges ont été sans concession, mais sans trahison, et la confiance émerge pour construire ensemble, dans une diversité assumée. Allons vers ce monde, celui sous nos yeux, pour l’ennoblir par une attentive présence, sans coup bas, sans égoïsme minant. Coldplay à l’unisson !
Death And All His Friends centre sur l’essentiel. Ce message, repris en puissance par les instruments en rythmiques et en relief décisif, pour nous faire rejoindre la figure multigéométrique de l’embrasé Coldplay. Ainsi nous quitte-t-il juste quelques instants, le temps de goûter la moelle mirifique du cœur mélodieux, jusqu’au prochain départ, à l’effleurement d’une touche qui de source coule : PLAY !

Vendredi 20 juin, des bords du Rhône
Décidément, Alice persiste à venir me chercher des noises en appuyant les perfidies d’un lourdingue d’AgoraVox. Me reprochant de n’avoir aucun recul sur moi parce que je cite quelques faits biographiques datés des châteaux d’O et d’Au, elle en devient grotesque en complétant ses piques d’une familiarité pseudo affective.
Rien à argumenter avec elle sur le fond : après avoir bloqué son adresse sur Msn, je la vire de mes contacts amicaux sur Facebook. Une telle incompréhension réciproque appelle un terme à cette résurgence relationnelle. Exit, donc !
Ma dernière ruade anti-Noniste, dans ce nid d’hystériques gauchistes qui s’excitent contre tout ce qui tranche avec leur haine sarkozo-capitalisto-européenne (version 1951 et la suite…), a eu l’effet escompté. Pour eux, la démocratie représentative est illégitime lorsque le peuple a décidé par référendum, même si lesdits parlementaires ont été élus par ce même peuple postérieurement à sa décision, et en connaissant leur programme, notamment sur les institutions de l’UE.
Cet intégrisme démocratique s’illusionne sur la vertu de sa démarche. Entre eux ils peuvent croire à l’aboutissement constructif vers une autre Europe. La vérité c’est que le poids déterminant d’une conjoncture déprimante ne peut laisser émerger un consensus populaire, sauf à retenir les règles fédérales d’une consultation, et non l’addition des vingt-sept majorités. Evidemment pas à l’ordre du jour, d’autant plus que dans le panel varié des Nonistes figurent des souverainistes et des nationalistes.
L’invective ad hominem traverse nombre de ces interventions, ce qui restreint le débat, moi-même ayant un fâcheux penchant à la contre attaque disproportionnée.

Samedi 21 juin
Après-midi radieuse qui laisse présager une surabondance humaine pour cette courte nuit de la musique. Artères, rues et ruelles vont se sonoriser avec plus ou moins de talent.
Petite balade en vélo ce soir, avec ma BB, pour goûter quelques ambiances. Elle a obtenu son dimanche, me quittant quatre jours pour une formation à Paris.
Sous l’épaisseur feuillue d’un marronnier, la touffeur ralentit mes élans et rend brumeuses mes intentions.
Vu l’iconoclaste Claude Allègre dans l’Esprit libre de Guillaume Durand, en promotion de son journal 2007, La Science et la vie, dans lequel il s’insurge contre quelques consensus idéologiques qui monopolisent l’attention et les efforts de la communauté internationale au détriment de plus prégnantes urgences comme l’eau et l’énergie. Au premier rang des alarmismes démesurés, le réchauffement climatique. Il ne conteste pas l’aube d’un changement climatique, mais réfute la viabilité des projections à un siècle tant des températures que du niveau des océans. La complexité des facteurs en jeu et notre relative méconnaissance de la discipline rend plus idéologiques que scientifiques ces données.
Everything’s not lost de Coldplay dans le Koss transporte toute mon attention argumentative vers d’oniriques contrées. Impossible résistance, le flot mélodique coule trop de source…

Dimanche 22 juin
Rien de bien exaltant à cette fête de la musique. L’interprétation d’un morceau d’Eagle Eye Cherry par un quintet de quinqua dans le vieux Lyon a relevé un chouia le niveau.
Au lac d’Aiguebelette avec ma BB, surpeuplé mais à l’ambiance familiale, sans kakou pour plomber l’alentour de leur navrante parade.

Mercredi 25 juin
Stupeur en consultant le contenu des derniers commentaires sur AgoraVox concernant mon article Unis dans la malignité : Alice la perfide s’acharne, dans un pavé haineux, contre le portrait que j’ai donné de moi.

Jeudi 26 juin
« Puisque AgoraVox laisse des commentaires qui n’ont strictement rien à voir avec le sujet de l’article et constitue une diffamation en règle, je vais répondre.
Tu me reproches le contenu trop positif, voire mensonger de mon profil sur AgoraVox. A-t-on jamais vu quelqu’un se présenter en mettant en avant les heurts de son existence ?
Moi, j’ai fait mieux : j’ai mis en ligne mon Journal à oeillères qui n’occulte rien de mes échecs et ne m’épargne pas. Je n’ai donc pas attendu tes fielleuses leçons pour pratiquer l’autocritique.
A l’inverse, je n’ai pas lu grand-chose de toi constituant une amorce de remise en cause personnelle. De la paille et de la poutre, tu connais l’adage…
Sur la question du talent, et en l’occurrence de son absence sidérale dans mes écrits. Voilà bien une donnée qui t’obsède. Tout d’abord, pour éclairer les très rares lecteurs de tes dérives et de mes tentatives de réponses, qu’ils sachent que tu t’es emparée la première du sujet : peux-tu citer un seul passage des plus de 1500 pages manuscrites publiées sur internet où je m’adonnerais à l’autosatisfaction littéraire ? Tu peux chercher, tu ne trouveras que des doutes, des réserves, des critiques sur mes propres écrits. Là encore, je ne t’ai pas attendue.
Sache, tout de même, que ta sentence ne représente qu’une opinion et que j’ai de nombreux témoignages inverses et soutiens sans faille. Je note, d’ailleurs, l’opportunisme de ton argumentation : au début de ton intervention, ton géniteur Heïm est jugé, a contrario, comme ayant du talent, lui ; à la fin de ton texte, il n’est pas considéré comme ayant un quelconque talent d’écrivain. Autant je me fous de ton orthographe approximative, autant m’insupporte cette distorsion du jugement pourvu que cela serve l’attaque du moment.
Rien, ni personne, tant que l’intellect suivra, ne me fera abandonner l’écriture : c’est une jubilation et un besoin.
Revenons à tes critiques sur ma petite autobiographie : oui, Heïm m’a proposé ce projet. J’avais le choix de refuser, quoi que tu en penses, et j’ai assumé les conséquences jusqu’au bout, allant même jusqu’à endosser des responsabilités qui ne m’incombaient pas juridiquement, comme la prise en gérance de la Sebm que tu dirigeais, peu de temps avant son prévisible effondrement. Ne m’étant pas dérobé, ayant répondu à mes engagements, je ne vois pas pourquoi, aujourd’hui, je  devrais occulter le fait que plus de trois cents titres ont été publiés pendant que j’occupais et exerçais la fonction de gérant. Que Heïm, comme directeur de la collection que j’exploitais, ait eu une influence déterminante, je ne l’ai, là encore, jamais nié. Cela n’anéantit pas pour autant le travail éditorial assumé.
La multiplicité des tâches accomplies (et relatées dans mon Journal) suffit à vider de sens ton affirmation. Pourquoi cette tendance, chez toi, à ne retenir que le sombre, à ne pas tirer quelque enthousiasme constructif du vécu ? En l’espèce, je revendique ma position d’éditeur, de gérant de société, de codirecteur de collection, etc. Et si tu as des papiers plein tes archives, sache que j’en ai au moins autant qui prouvent la véracité de ces lignes.
Minable, ton attaque sur mon recueil de poésies. A dégoûter d’avoir répondu à ta reprise de contact. J’affirme et je jure n’avoir pas versé le moindre argent pour que ce recueil paraisse. C’est donc bien une publication à compte d’éditeur ! Je te rappelle qu’à 17 ans je n’étais plus au château d’O, et ce depuis de nombreuses années, et que j’ai fait la démarche d’envoyer mes premiers textes à Heïm, oui ! Et alors ? Tu crois que dans les vraies (selon tes obscurs critères) maisons d’édition on ne fait pas jouer les relations ? Naïveté ou aveuglement volontaire ? Tiens, tu devrais lire en la matière le journal de Madeleine Chapsal qu’on ne peut soupçonner d’appartenir à la « secte » de Heïm ! Tu nies sa qualité d’éditeur, libre à toi. Pour ma part, ce qui importe c’est l’existence objective d’un ouvrage avec un N° ISBN.
A propos de l’Aristocratie libertaire… : tout est sujet à critique et interprétation, y compris ce que tu n’as pas lu. Encore une fois, tu rayes d’un trait l’investissement personnel mis dans un travail accepté par M. Marc Dambre, professeur à Paris III, spécialiste incontesté de Roger Nimier, et sans aucun rapport avec Heïm. C’est lui qui a retenu mon sujet, et je l’ai rédigé tout seul comme un grand. L’opportunité qui m’a été donnée de le faire publier, pourquoi l’aurais-je refusée ?
Tu as un tel mépris pour ce que tu étiquettes comme des « auteurs mineurs », que c’en est risible. Quelle légitimité as-tu pour décréter qui a le statut d’auteur ou pas ? Moi, un des livres qui m’a le plus bouleversé, c’est Grand-mère est morte de François Richard. J’échangerais les œuvres complètes de Claudel ou de Proust contre cet ouvrage. Tu vois que le subjectif règne en maître, moi je ne le nie pas.
C’est vrai que tu cites Molière et Hugo… alors là, évidemment, on est kapout d’emblée. A ce propos, toi qui me conseilles la « simplicité » dans l’écriture, as-tu tenté la lecture de la poésie de l’immense Victor, des Châtiments aux Contemplations ? Heureusement qu’il est panthéonisé, sinon il serait passé sous ton impitoyable crible.
Encore une contradiction interne dans ta justification des fautes en pagaille : « cette homme nous a aussi privé d’instruction et d’école légal ». En te lisant, on peut être disposé à te croire, sauf que… le « nous » est hors de propos. Il me semble qu’il nous a incités à faire du droit : j’en ai fait jusqu’en licence, puis j’ai enchaîné avec les lettres modernes, sans en être empêché. Il y a donc bien une part de responsabilité individuelle, non ? N’est-ce pas un peu facile de se décharger de tout…
Moi, je ne renie rien de ce que j’ai été et de mes engagements passés, même si aujourd’hui, contrairement à ce que tu insinues, je suis à des années-lumière de ce monde.
Enfin, cesse un peu tes considérations sur ma supposée situation psychologique. La seule chose qui m’attriste, c’est d’avoir lu ton déchaînement. Pour le reste, je suis parfaitement heureux avec ma BB, aux anges dans cette magnifique ville de Lyon et on ne peut mieux dans ma peau ! Est-ce un style suffisamment clair et simple ?
J’espère ne plus devoir justifier les constituants de mon existence et que notre croisement malheureux, lui, s’arrêtera là. »

Samedi 28 juin
Finalement, AgoraVox a accédé à ma demande de suppression, deux jours plus tard et alors que ma réponse avait été publiée peu de temps avant. Cela a dû mettre Alice dans une folle rage, restreignant sa réaction au fait que mon argumentation ne soit constituée que « DE GROS MENSONGES ! », en lettres capitales, et que « la vérité fait peur ». Les administrateurs du site complices de mes abominations : à se tordre… de rire !

Lundi 30 juin
Le courriel de maman à Alice, après lecture de notre échange incendiaire sur AgoraVox, m’a rassuré quant à la légitimité tant de ma réaction que des arguments avancés.
A l’ombre d’érables au bord du lac de la tête d’Or, un parc presque vide par le cumul des premiers congés estivaux et du premier jour de la semaine.
Elo a terminé les épreuves pour son master 2. Je l’ai accompagnée hier en fin d’après-midi au complexe de Vaise pour découvrir le chapitre deux du Monde de Narnia. Un gentillet mélange de Potter chez les Hobbits au cœur du livre de la jungle. Divertissement sans transcendance créative.
Elle doit s’installer, à la rentrée, à Tignes avec son compagnon. Mon relationnel lyonnais aura alors atteint son plus bas niveau, un quasi néant. Pas morose pour autant, car avec ma BB l’amour affectif est plus ancré que jamais, comme une évidence de vie, avec tous ces petits instants cumulés de bonheur. Chacun semble avoir trouvé son équilibre dans cette dualité sans heurt, sans coup d’éclat, à l’aune de nos besoins respectifs.

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